L’Église

Entre Bresse, Dombes et Beaujolais,

l’église Saint Martin de Bey

est un témoin remarquable des pratiques artistiques et religieuses de notre histoire, en particulier celles de la florissante période romane.

Ici, pas besoin d’un bâtiment aux dimensions exceptionnelles pour accueillir la modeste population des deux villages qui l’entourent, Garnerans et Bey.

L’église est bâtie dans la mesure et la proportion. Ni trop grande, ni trop petite. Juste ce dont on a besoin.

Grâce aux travaux de restauration entrepris par la mairie de Bey durant ces dernières décennies, l’héritage des moines du 12e siècle nous est retransmis de façon plus claire.

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Les chapiteaux romans, encore très difficiles à interpréter, nous interrogent tout particulièrement. Dans un monde visuellement très pauvre, une image a beaucoup trop de poids pour être interprétée au hasard, et est confiée aux clercs et savants qui fréquentent ces lieux. On les trouve donc dans le choeur de l’église, au fond de l’abside en cul-de-four.

L’homme roman a besoin de s’inspirer de la nature et du monde qui l’entoure pour tenter de comprendre le grand dessein de Dieu pour l’humanité.

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Il veut représenter la réalité visible pour essayer de saisir la réalité invisible. Ainsi, le plan de l’église reprend la simplicité et l’équilibre du plan du corps humain. Les sculptures quand à elles évoquent les défauts et travers de l’homme contre lesquels il tente de lutter.

Les chapiteaux sont au nombre de six et sont de très belle facture. Les personnages sont représentés de façon très réaliste, chose plutôt rare pour l’époque. Les quatre premiers nous racontent des histoires d’une violence inouïe. Les deux derniers sont simplement ornés de feuilles d’acanthe, comme un apaisement après la bataille.

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La plupart des interprétations y voient des scènes de combats contre les infidèles, ou des témoignages de la violence qui régnait à l’époque.

Cependant, les récentes photographies de Gaelle Delort ont mis à jour des détails restés invisibles jusqu’alors et nous permettent d’émettre des hypothèses plus fournies sur la symbolique de ces chapiteaux.

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Deux d’entre eux semblent représenter le combat de Saint Michel contre le démon. Aurait-on ici une déclinaison de la question du combat spirituel? Les deux vices les plus combattus au moyen-âge étaient l’avarice et la luxure et ils sont représentés ici. Ce thème, cher aux moines de l’époque est envisageable, d’autant plus que les deux derniers chapiteaux sont ornés de feuilles d’acanthes, symbole de victoire.

L’autre joyau de cette église est le retable baroque. Superbe témoin de la contre-réforme appliquée avec zèle par les prêtres savoyards, le retable de Bey est un vestige en excellent état de conservation de ce mouvement artistique du 17e siècle.

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Photographies : Gaëlle Delort. © Tous droits réservés.

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